Malgré une connaissance avancée du génome humain et de centaines de gènes candidats polymorphes, un faible pourcentage de la variabilité génétique des facteurs de risque cardio-vasculaire a été expliqué et un nombre très restreint de SNPs a été proposé en prévention ou prédiction cardio-vasculaire. Par ailleurs, vu l’efficacité discutable d’un grand nombre de stratégies de prévention des pathologies cardio-vasculaires basées sur la diminution des facteurs de risque classiques, il est urgent de rechercher et d’étudier de nouveaux marqueurs de risque parmi lesquels les facteurs génétiques représentent une cible majeure. Cependant, la recherche des facteurs de prédisposition aux pathologies fréquentes du système cardiovasculaire nécessite une approche globale et complexe comprenant, bien sûr, des analyses génotypiques mais aussi la mesure de facteurs environnementaux et de phénotypes intermédiaires pertinents. La démarche classique de l’approche gène candidat, bien qu’elle soit indispensable, souffre de limitations évidentes. En particulier, elle s’est majoritairement fondée sur une définition uniquement clinique du phénotype (la maladie). Or l’homogénéité clinique d’une pathologie multifactorielle n’a aucune raison de refléter une homogénéité physiopathologique et encore moins une homogénéité génétique. Par ailleurs, nous constatons que 1) les effets biologiques des gènes et de leurs produits ainsi que leurs variations chez le sujet sain, dans les conditions physiologiques, sont encore mal connus ; 2) les études s’intéressent à un cycle métabolique ou à un gène/ une molécule indépendamment des autres.
Ceci nous amène à proposer une démarche avec une approche complémentaire et parallèle aux études cas-témoins qui peut être qualifiée de 'déductive', c’est-à-dire allant du gène à la maladie et consistant à se concentrer sur des voies métaboliques, et par conséquent, sur des ensembles cohérents de gènes et de phénotypes intermédiaires dont la variabilité pourrait influencer la prédisposition à la maladie. Cette démarche nécessiterait deux types d’études. Premièrement, une étude chez des sujets sains qui permettrait, sans l’influence de la pathologie et/ou du traitement de comprendre les mécanismes de régulation de l’effet des gènes puis deuxièmement, des études cas-témoins qui permettraient, suite à l’application des conclusions de la première étape, de proposer des marqueurs pertinents en prévention et prédiction cardio-vasculaire.
Ainsi, l’objectif général de notre Programme de Recherche est de faire progresser la connaissance des mécanismes impliqués dans les pathologies du système cardio-vasculaire grâce à une approche intégrée, allant du génotype au phénotype en passant par le phénotype biologique et sans oublier bien évidemment les facteurs d’environnement. Nous nous focaliserons plus particulièrement sur les gènes codant pour les molécules d’adhésion et d’inflammation sans pour autant négliger des voies métaboliques dont l’importance dans l’athérosclérose est bien établie : le métabolisme lipidique, la régulation de la tension artérielle, la coagulation, le métabolisme de l’homocystéine et les systèmes antioxydants.